Un
dimanche après-midi au jardin de la Cour de la ferme Saint-Lazare, trois jeunes
posés calmement sur un banc sont dispersés par la DPSP sans motif particulier.
« On a eu un message radio, on ne sait pas trop. » répond un des agents lorsqu’on
l’interroge sur son intervention. Ces jeunes sont la plupart connus du Pari’s
des faubourgs. Présents quotidiennement dès 16h30 jusqu’à la tombée de la nuit,
ils sont respectueux des passants et des familles. Seule une petite poignée
connue de longue date par notre centre posent des problèmes d’occupation de
l’espace public avec leurs scooters et leur activité de trafic assez ostensible
devant le Pari’s des faubourgs, la crèche ou le gymnase. Mais en l’occurrence, ces
trois jeunes n’étaient pas de cette bande.
Ces
interpellations n’engendrent pas de réactions pour le moment, mais elles
manquent clairement de discernement. Celles de la police nationale le sont au
moins autant et d’autres exemples de contraventions abusives ont été relevés
dans la période récente. Ces interpellations peuvent être vécues comme
humiliantes et intériorisées sans que l'on sache ce que cela produira à moyen
terme. La pauvreté, la couleur de peau ne sont pas des délits. Or, une partie
de nos concitoyen.ne.s se sent en insécurité dès qu’une patrouille de police
les approche et ce n’est pas normal. Même
lorsqu'ils s'engagent dans des distributions alimentaires, dans l'organisation
de tournois de foot ou d'une fête de quartier, les personnes d'origine étrangère,
et tout particulièrement les jeunes, restent perçus comme des
« bandes qui tiennent les murs ».
La période
récente a exposé les inégalités présentes dans notre arrondissement. La mixité
générationnelle, sociale et culturelle a été secouée. Certains délits ont
augmenté. Des conflits d'usage, notamment sur l'espace public, ont été relevés.
Plus présente, plus visible, la grande précarité a interpellé bon nombre de nos
concitoyens. Mais nous pensons toujours
au Pari's des faubourgs qu’un arrondissement plus solidaire et plus inclusif est possible.
Sans nier son
rôle déterminant, la réponse policière, qu'elle soit municipale ou nationale,
ne suffira pas à recréer du lien social et à limiter le clivage entre les
populations du quartier. Nous avons besoin d'acteurs de prévention, qui travaillent
au quotidien, et dans le long terme, avec les différents publics. Nous
demandons le renforcement des moyens de la prévention spécialisée, au quartier
des Portes notamment, et le développement d’une politique d'insertion des
jeunes. Nous avons déjà exprimé cette demande aux candidat.e.s à la mairie du Xe
lors de la campagne des élections municipales. Nous la réaffirmons aujourd’hui.
Comme lors du
confinement, nous pouvons toujours compter sur les solidarités de voisinage et
le sens des responsabilités des habitants du Xe. Chacun.e peut, à sa
manière, renouer le lien dans le quartier. De son côté, le Pari's des faubourgs
continuera d'accompagner les projets de jeunes pour l'animation de la vie
sociale, sportive et culturelle du quartier. Nous travaillons actuellement avec
nos partenaires financeurs à la création d'un deuxième poste d'animation qui
aura notamment à charge ce travail. Enfin, dans la démarche de renouvellement
de projet qui nous anime actuellement, nous redonnerons la parole aux jeunes
afin qu'ils expriment eux-mêmes leur désir d'engagement dans le quartier. Un
désir de solidarité, de justice et de dignité qu’il nous faut entendre et appuyer.